Les parfums et les écrivains de langue française

Langage et représentations de l'odeur     

Introduction

Quelques propriétés linguistiques

Des catégories d'odeur

Perception olfactive et roman :
Émile Zola

Odeur de sainteté

Être au parfum

Bibliographie

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Nos cinq sens, égaux en droit, n'occupent manifestement pas dans notre culture la même place. L'olfaction est un domaine dévalorisé ou minoré. Par exemple, dans les recherches contemporaines sur les processus de connaissance du monde, ce sont essentiellement les activités visuelles et dans une moindre mesure auditives qui sont étudiées.

Si on interroge la littérature française, on s'aperçoit que la perception des odeurs est cantonnée dans des genres littéraires spécifiques considérés comme moins nobles, roman naturaliste, ou roman policier (ce qui est naturel, puisque le détective se doit d'avoir du flair surtout s'il n'est pas au parfum). Les univers spécifiques de ces genres littéraires allant de pair avec un registre de langue autorisant l'introduction de l'argot.

Ces remarques prennent sens lorsqu'on prend en compte la diversité des modes d'expression des cinq sens dans la langue française : en effet, en français comme dans la plupart des langues européennes, il n'y a pas de termes spécifiques (voir Quelques propriétés linguistiques) pour désigner les sensations olfactives. À part quelques termes génériques (parfum, odeur, fragrance...), l'expression des odeurs intervient par la dénomination de la source odorante (odeur de fleur, de poisson...), ou par les propriétés génériques d'agrément ou de désagrément qu'elles provoquent (odeur agréable...).

La diversité des moyens pour parler des odeurs et des parfums produit ainsi d'étranges interférences entre l'ordre supposé des choses et l'organisation de l'espace olfactif.

En contraste, l'évocation du domaine olfactif est souvent utilisée de manière métaphorique dans des visées massivement dévalorisantes (celui là, je ne peux pas le sentir...) ou quelquefois valorisante... (l'odeur de sainteté).

En l'absence de termes simples, l'étude des ressources de la langue, dans ses divers usages, pour exprimer les sensations olfactives permet de mieux comprendre le statut, la fonction et le rôle des processus d'identification, de catégorisation des odeurs dans la construction des représentations mentales.

Ce type d'études s'inscrit dans le programme de recherches du LCPE au sein de l'INaLF, sur les relations entre la langue (dont le français) et les connaissances, en liaison avec des laboratoires qui travaillent sur les aspects physiques (acoustiques) ou physiologiques de la perception.

Langages, Cognitions, Pratiques