"Thaïs semblable à l'aube d'un beau jour, et qui ne peut exhaler son haleine, sans envoyer des parfums à l'amour."
C.-J. Dorat, Les Baisers, 1770,
La Haye et Paris : Lambert, page 94.
"Ainsi donc cette fleur, naguère épanouie,
le parfum du bocage, et l'orgueil du printemps,
qui, dès l'aube du jour, sur les flots inconstants,
aimait à balancer sa tête réjouie,
cette fleur, qu'épargnait le courroux des autans,
dont le sein amoureux s'abreuvait de rosée,
va bientôt se flétrir sur sa tige brisée !"
P. Baour-Lormian, Veillées poétiques et morales, 1770,
in Ossian, Paris : P. J. Gayet, 1827 page 316.
"Mais rien n'égalait la fraîcheur et la beauté des fleurs encore toutes chargées de l'humidité.
De la nuit, à cette heure mystérieuse de l'aube où elles s'entrouvrent comme pour découvrir des trésors de pureté et répandre des recherches de parfums que le plus matinal et le plus pur des rayons du soleil est seul digne d'entrevoir et de posséder un instant.
Georges Sand, La Comtesse de Rudolstadt, 1843
in Consuelo, Grenoble : éd. de l'Aurore, 1991, page 131
"ce n'est pas aux feux blancs de l'aube qui t'éveille,
qui rouvre à ta pensée un lumineux chemin,
quand tu crois, aux parfums retrouvés de la veille,
saisir déjà l'objet qui t'a dit : à demain !"
Marceline Desbordes-Valmore, Élégies, 1833-1859
in OEuvres complètes, T.2., Genève : Slatkine, reprints, 1972, page 26
"elle s'attachait encore à sa suave mémoire, ainsi qu'à celle du patron de son sexe, si aimant de la femme, et, de la crèche à la croix, si enveloppé d'elle, si pardonnant à sa faiblesse et si reconnaissant de ses parfums, que ce fut une femme qu'il choisit pour lui donner la première aube de sa résurrection."
Édmond et Jules Goncourt, Madame Gervaisais, 1869
Paris : Charpentier, 1876, page 124
"Et l'aube où Dieu se montre, et l'astre où Dieu se nomme,
la nuit qui fait tomber ses soupirs les plus doux
du nid des rossignols dans le trou des hiboux,
les fleurs dont les parfums dans les rayons se fondent,
et les herbes, les eaux, les pierres vous répondent,
d'une si douce voix qu'on ne peut l'exprimer :
- ô bons petits oiseaux, tout est fait pour aimer !"
Victor Hugo, La Légende des siècles, 1883
éd. P. Berret, T. 6, Paris : Hachette, 1927, page 224
"On s'y reposait au carrefour étincelant où convergent et d'où rayonnent les routes aériennes que parcourent de l'aube au crépuscule, affairés et sonores, tous les parfums de la campagne.
<...>
la dernière fraîcheur de l'aube défaillante lutte dans sa défaite avec l'ardeur du jour, comme une vierge nue au bras d'un lourd guerrier, où le silence et les roses de midi qui s'approche, laissent encore percer çà et là quelque parfum des violettes du matin, quelque cri transparent de l'aurore."
Maurice Maeterlinck, La Vie des abeilles, 1901
Paris : Fasquelle, 1914, pages 15 et 216
"pour que votre chaleur éclaire toute l'ombre...
déjà la vie ardente incline vers le soir,
respire ta jeunesse,
le temps est court qui va de la vigne au pressoir,
de l'aube au jour qui baisse,
garde ton âme ouverte aux parfums d'alentour,
aux mouvements de l'onde,
aime l'effort, l'espoir, l'orgueil, aime l'amour,
c'est la chose profonde"
Anne de Noailles, Le Coeur innombrable, 1901
Paris : Calmann-Levy, 1919, page 185
"l'office pontifical s'était, dès l'aube, développé dans la magnificence des chants, dans le va-et-vient solennel des mitres, dans la pompe des orfrois et l'église, devenue vide, affluait, mélangée à son odeur naturelle de tombe, le sédatif et le joyeux parfum des encens consumés et des cires mortes"
Joris-Karl Huysmans, L'Oblat, 1903
in OEuvres complètes, T. 17, Paris : CRES, 1934, page 155
"Il reconnaissait quand, à l'aube, on ouvrait la fenêtre pour qu'il respirât mieux, le parfum de ses tristes retours de chasse au crépuscule d'octobre."
François Mauriac, Le Baiser au lépreux, 1922
"je gonflais ma narine et d'abord ne lui trouvai pas d'odeur (car le vent du Valois paraît fade au Landais accoutumé à ces souffles que la résine sature) jusqu'à ce que j'y eusse discerné le parfum candide, un peu amer, des fleurs de pommiers et de poiriers épanouies dans le bleu glacé et qui, à l'aube, mourraient peut-être de froid"
François Mauriac, Journal, tome II, 1937
in OEuvres complètes, T. 11, Paris : Fayard, 1952, page 205
"tout est azur, aurore, aube sans crépuscule, et fournaise d'extase où l'âme parfum brûle
<...>
avril n'est que le rêve érotique du gouffre, une pollution nocturne de ruisseaux, de rameaux, de parfums, d'aube et de chants d'oiseaux."
Albert Béguin, L'Âme romantique et le rêve, 1939
Paris : Corti, 1946, pages 172 et 373
"ni l'oeillet ni le romarin
n'ont gardé le parfum des larmes
j'ai perdu je ne sais comment
le noir secret de mon tourment
à son tour l'ombre se démembre
je cherchais à n'en plus finir
cette douleur sans souvenir
quand parut l'aube de septembre
mon amour j'étais dans tes bras"
Louis Aragon, Le Crève-coeur, 1941
Paris : Gallimard, 1956, page 59
"Toutes les herbes d'Asie à la semelle blanche du lettré ne sauraient nous distraire de cette activité nouvelle ; ni un parfum de fraise et d'aube dans la nuit verte des Florides..."
Saint-John Perse, Vents, 1946
in OEuvres complètes, Paris : Gallimard, 1986, page 241
"Il en prenait possession tôt le matin, après une courte promenade dans les collines, au milieu des parfums subtils et de la douceur de l'aube, dans le silence béni qui précède le vacarme des cigales"
Jean Rouaud, Les Champs d'honneur, 1990
Paris: éditions de Minuit, 1996, page 47