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L'ANALYSE OLFACTIVE DES MATIÈRES PREMIÈRES NATURELLES
Français - Anglais

Carine Lebrun

Contributeur principal : association du "5ème Sens".
Maîtrise LEA 1998/99 - Université de la Sorbonne Nouvelle Paris III
Enseignant responsable : Loïc Depecker

Sommaire

Remerciements
Introduction
Termes traités dans ce mémoire


Remerciements

Je tiens à remercier tous ceux sans lesquels l'élaboration de ce mémoire n'aurait pas été possible, en particulier Jean Kerléo (Jean Patou), rencontré lors de l'Exposition sur l'histoire du parfum qui s'est tenue au Printemps en octobre dernier, pour ses précieux conseils au début de mes recherches, Virgine Le Dantec, pour m'avoir envoyé la documentation de cette exposition, Jean-François Laporte (Maître Parfumeur et Gantier), pour sa compétence professionnelle, ses conseils et sans lequel l'accès à la bibliothèque de la Société Française des Parfumeurs ; m'aurait été impossible, l'ISIPCA pour m'avoir permis l'accès à la bibliothèque de l'école, bien que je ne fasse (hélas !) pas partie des leurs et l'association du " 5ème Sens ", pour la gentillesse et la disponibilité de ses membres qui m'ont considérablement aidée dans l'élaboration de mes définitions.


Introduction

INTRODUCTION GÉNÉRALE :

La parfumerie est constitue un vaste domaine, le plus souvent abordé dans les ouvrages sous trois angles principaux. Tout d'abord, la chimie : la création de nouvelles molécules odorantes de synthèse destinées à reproduire l'odeur des essences naturelles se fait croissante, de par la rareté et le prix souvent très élevé des matières premières naturelles. Ensuite, le marketing ; l'industrie de la parfumerie, étroitement liée à celle de la haute couture, de la mode et des produits de luxe, représente une part très importante sur le marché. Enfin, la création du parfum, de la culture des matières première naturelles au flacon, en passant par les différentes techniques de fabrication est sans aucun doute celui qui se rapproche le plus du parfum en lui-même, de son odeur. Ce concept d'odeur, qui quoiqu'inhérent au parfum et omniprésent dans les ouvrages, reste souvent très flou, et, contrairement aux techniques de fabrication par exemple, ne semble pas jusqu'alors avoir fait l'objet de normalisations officielles, ou du moins cohérentes. Certes, les parfums ont désormais leurs classifications par odeurs, mais ce simple pluriel laisse entrevoir la divergence des opinions ou des appréhensions des professionnels quant à ces odeurs (la classification de la société H&R, par exemple, diverge de celle de la Société Française des Parfumeurs). Le parfum est une composition faite de notes multiples et d'accords complexes, et les professionnels ont apparemment quelques difficultés à s'accorder pour les classer. Nous avons dons décidé, sans perdre de vue notre objectif : réaliser un glossaire sur l'odeur, de nous attaquer à un domaine peu exploité à notre connaissance (du moins dans les ouvrages) : l'odeur des matières premières utilisées en parfumerie, ceci dans le but d'intéresser simultanément les non-initiés au monde de la parfumerie (qui est insensible à une odeur de rose, de lavande ?), et les professionnels, notamment les fournisseurs de matières premières. Dans cette optique et avec le concours de spécialistes, nous nous sommes efforcés de transcrire avec des mots, aussi précisément et objectivement que possible l'effet produit par des odeurs. Les " grandes lignes " de notre arborescence s'établiront comme suit : la parfumerie en grand domaine, les matières premières en sous-domaine. Celles-ci se divisent en deux catégories : les matières premières naturelles et les matières premières synthétiques, chacune d'entre elle entretenant une relation générique avec " les matières premières ".Nous laisseront de côté les matières premières synthétiques, dont la complexité exige de bonnes connaissances en chimie. Les matières premières naturelles peuvent se diviser principalement de deux manières : suivant leur provenance (racines, fleurs, fruits...) ou l'odeur produite par leur essence. Comme ce n'est pas la nature de la matière première que nous voulons décrire, mais l'odeur de son essence, la deuxième classification semble plus judicieuse... et différente. !..Une fleur peut en effet avoir une odeur de fruit, une racine, une odeur de fleur,......

Nous nous sommes fiés à la " pyramide olfactive " élaborée par Monique Schlienger, de l'association du " 5ème Sens " pour classer nos termes. Ainsi, les matières premières naturelles se divisent comme suit : facette hespéridée, aromatique, verte, fleurie, fruitée, épicée, boisée, boisée-mousse, balsamique ambrée, cuir-tabac et animale. Ces facettes correspondent à des types d'odeur dans lesquels nous classé nos termes en fonction de leur odeur dominante. L'ordre de ces facettes a son importance et nous nous devons d'expliquer pourquoi. La perception olfactive d'un parfum (pris au sens d'eau de toilette, etc...) passe par trois étapes essentielles. On perçoit d'abord la note de tête, souvent composée de notes hespéridées (orange, citron...), aromatiques (lavande...) et vertes (galbanum...). C'est en fait le premier effet olfactif produit par le parfum, celui que l'on perçoit entre le moment où l'on s'en imprègne et la demi-heure qui suit son application. Cette note va progressivement se transformer pour laisser place à la note de coeur, la deuxième impression olfactive produite par un parfum et constituée de notes fleuries et fruitées. Enfin, après quelques heures, la noter de fond émerge, constituée de notes épicées, boisées, boisées-mousse, balsamique ambrées, cuir- tabac et animales. Nous avons désormais notre pyramide olfactive. Nous nous sommes inspirés de cette nouvelle dimension pour créer une deuxième arborescence, la dimension chronologique sous-jacente nous semblant intéressante et complémentaire de la première, davantage " partitive ".

INTRODUCTION MÉTHODOLOGIQUE :

Le choix de mon domaine s'est fait sans l'ombre d'une hésitation ; passionnée de parfums depuis toujours, je me destine à la traduction dans ce domaine, et dédie tous mes mémoires à ce sujet lorsque c'est possible, afin de me spécialiser en la matière. En réalisant ce glossaire, j'ai aussi voulu répondre aux éventuels besoins des professionnels, tout en touchant un lectorat plus général. En somme, réaliser un ouvrage de vulgarisation qui soit utile aux non-initiés, et profitable aux spécialistes. Et surtout, relever un défi : transcrire des odeurs avec des mots, et tenter d'élaborer à partir d'un concept si subjectif une nomenclature logique, cohérente et compréhensible de tous. Pour ce faire, il a fallu faire un tri dans les unités terminologiques rencontrées quand quant aux termes génériques servant à décrire des odeurs. Ainsi, une grande méfiance a été de rigueur lors de la sélection des mots et référent utililés. Par exemple, dans nos civilisations la lavande évoquera pour grand nombre d'entre nous la lessive... Mais décrire cette odeur en utilisant un tel référent (commun à nos nations industrialisées) à un peuple du fin fond de l'Amazonie ne rimerait bien sûr pas à grand chose. Se pose donc une limite géographique et culturelle à la portée de notre glossaire. Il a fallu juger aussi de la fiabilité de certains référents : si on peut considérer qu'une " odeur de crayon taillé " peut être perçue de " tous ", il va de soi que la description d'une odeur (si irréfutable soit la ressemblance) par une phrase du type "  Ca sent ma belle-mère... " ne sera pas très parlante pour les personnes étrangères au clos familial....Aussi, nous avons pris des critères tels que la récurrence, pour juger de la pertinence d'une description (" l'odeur de poudre de riz de nos grands-mères ", à propos de la racine de l'iris, revient très fréquemment dans les ouvrages par exemple.)

C'est essentiellement ce problème de subjectivité qui a posé des entraves à la réalisation de ce glossaire. Mais il n'en a pas été la seule origine. En effet, une fois notre grand domaine trouvé, il a fallu cibler davantage le sujet. Ce n'est pas dans son acceptation de luxe, de mode et de haute couture que le parfum m'intéresse, mais sur le plan olfactif. Je décidais donc d'éliminer la " branche marketing " de la parfumerie....Et de réaliser un glossaire sur la classification des parfums...De nombreux ouvrages existent à ce sujet, mais les classifications divergent d'un professionnel, d'une société à l'autre. Je ne voyais donc pas pourquoi privilégier un organisme plutôt qu'un autre, comment m'y retrouver, et en quoi je pourrais à mon niveau faire avancer les choses. Réalisant petit à petit que ces " points flous " n'étaient pas propres aux parfums en général mais plutôt au vocabulaire de l'odeur, je " sentais " une angoisse croissante relative à ma future arborescence...Laquelle, me semblait-il, se prêtait davantage à des domaines techniques. Je me lançais alors dans la distillation, l'expression, du parfum...Mais c'était trop m'éloigner de l'odeur que de choisir un tel sujet. Entre-temps, Jean-François Laporte (Maître Parfumeur et Gantier) que j'avais contacté dans le cadre de l'élaboration de ce glossaire, m'avait recommandé, en réponse à ma demande de " joindre l'utile à l'agréable " de traiter plusieurs domaines, de faire une sorte de suivi de l'élaboration d'un parfum de la culture des plantes aux termes utilisés en marketing. L'idée me plaisait, mais le nombre de termes à traiter était beaucoup trop important et la multiplicité des domaines (au nombre de sept) ne semblait pas se prêter au type de travail demandé. Plus que tout, c'est la partie portant sur l'analyse physico-chimique qui, après de vains efforts de ma part pour essayer de la comprendre, m'a rebutée. Après que j'aie soumis ces problèmes à Monsieur Laporte, celui-ci m'a encouragée à revenir à mon choix initial, l'odeur, en m'orientant plus précisément vers les matières premières, pour lesquelles la construction d'une arborescence était selon lui tout à fait réalisable. Enchantée par cette nouvelle perspective, je poursuivais mes recherches et trouvait en effet une classification très claire à ce sujet dans un Cd-ROM édité par le Comité Français du Parfum. Celle-ci regroupait les matières premières naturelles (j'avais déjà décidé de laisser de côté les matières premières synthétiques pour les raisons précédemment énumérées) suivant leur provenance (résines, bois, écorces, fruits...). C'est sur cette classification que je me basais pendant une bonne partie de mes recherches. N'ayant trouvé aucun livre qui en décrive l'odeur avec précision, je me rendis à l'association du " 5ème Sens ", où je rencontrai des spécialistes, qui ont constitué la source (orale) de la plupart de mes définitions. Ce mode d'information a été très agréable, et surtout concret : j'ai eu la chance de pouvoir sentir des essences rares tout en élaborant la définition de leur odeur avec une spécialiste. Cependant, leur classification des matières premières différait grandement de la mienne en ce qu'elle se basait sur les odeurs des matières premières, et non sur leur provenance. C'est pour cette nouvelle classification que j'allais opter une fois pour toutes : elle me semblait plus judicieuse puisque ce n'est pas la matière première que je voulais décrire, mais son odeur.

Outre l'absence de classification normalisée concernant les odeurs, je dus me heurter à de multiples problèmes concernant la description de l'odeur elle-même : la classification qui figure dans ce mémoire ne décrit pas l'odeur de la matière première, mais en réalité l'odeur de son essence ou de son absolue par exemple, qui est souvent différente de son odeur à l'état naturel. Ainsi, l'essence de basilic a une odeur de basilic cuit (ce qui n'est bien sûr pas le cas du basilic frais). L'odeur de la rose, par exemple, si évidente puisse-t-elle sembler pour tout un chacun, se réfère en réalité à de multiples concepts, suivant son origine, son espèce, son âge, et même l'heure de la journée, la rose aura une odeur bien différente " au  nez " des professionnels. Enfin, je comptais au départ mettre en entrée de chaque fiche un adjectif descripteur d'une odeur, car il me semblait intéressant de traduire de tels termes, mais une telle classification s'est avérée bien trop périlleuse. En effet, des recherches effectuées pour l'élaboration de ce glossaire, on peut tirer une conclusion : le vocabulaire de l'odeur constitue un domaine très paradoxal, il est très pauvre si on le compare à la diversité des sensations que nous procurel'odeur décrite, mais il est d'une richesse incroyable au niveau du vocabulaire à proprement dit : il existe des termes propres au domaine des odeurs (odeur chyprée...), mais les professionnels ont également recours à d'autres domaines pour les décrire. Ainsi en est-il de l'art culinaire (odeur gourmande, sucrée...), des textures (odeur douce, veloutée, sèche), de la musique (odeur sourde, aiguë), des couleurs (odeur verte...),etc.. En plus de ces emprunts, le parfumeur a recours à des comparaisons, renvoyant une odeur à celle d'une autre matière utilisée en parfumerie (la racine de l'iris sent la violette), à des évocations (la vanille évoque l'exotisme), parfois surprenante et révélatrice du " monde moderne " (on dit de la lavande qu'elle sent le " linge propre ", alors que c'est elle-même qui est à l'origine de cette odeur ; il en va de même avec la limette qui sent le coca-cola...Parce qu'il en contient !)