Des définitions du mot parfum
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La définition du mot parfum dans l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et d'Alembert (1751-1772)
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PARFUM, s. m.
(Composition de parfums.) la plûpart
des parfums se font avec le musc, l'ambre gris,
la civette, le bois de rose & de cedre, l'iris, la fleur
d'orange, la rose, le jasmin, la jonquille, la tubéreuse,
& autres fleurs odorantes. On y fait encore
entrer le storax, l'encens, le benjoin, le girofle,
le macis, & autres semblables drogues, que l'on
nomme communément des aromates. On compose
aussi des sachets parfumés avec des herbes aromatiques,
telles que peuvent être la lavande, la marjolaine,
la sauge, le thim, la sarriette, l'hyssope, &c.
Autrefois les parfums où entroient le musc, l'ambre
gris, & la civette, étoient recherchés en France,
mais ils sont tombés de mode, depuis que nos nerfs
sont devenus plus délicats. Parfum se prend souvent
pour les corps mêmes d'où s'exhalent les parfums;
en ce sens, les meilleurs parfums se tirent d'orient,
& des pays chauds. (D. J.)
(Littérat.) les anciens regardoient les
parfums non-seulement comme un hommage qu'on
devoit aux dieux, mais encore comme un signe de
leur présence. Les dieux, suivant la théologie des
Poëtes, ne se manifestoient jamais sans annoncer
leur apparition par une odeur d'ambroisie. Aussi
Hyppolite expirant, & entendant une voix qui lui
parloit (c'étoit la voix de Diane sa protectrice),
s'écrie dans Euripide,
« ô divine odeur! car j'ai senti,
déesse immortelle, que c'étoit vous qui me
parliez ».
On employoit aussi des parfums sur les tombeaux
pour honorer la mémoire des morts; ainsi Antoine
recommande de répandre sur ses cendres du vin,
des herbes odoriférantes, & de mêler des parfums à l'agréable odeur des roses.
Sparge mero cineres, & odoro perlue nardo
Hospes, & adde rosis balsama puniceis.
Anacréon avoit dit long-tems auparavant, ode 4,
« à quoi bon répandre des essences sur mon tombeau?
Pourquoi y faire des sacrifices inutiles; parfume-moi plutôt pendant que je suis en vie; mets des couronnes de roses sur ma tête ».
(D. J.)
(Critique sacrée.) l'usage des parfums
étoit recherché des Hébreux & des Orientaux. Moïse donne la composition de deux especes de parfums,
dont l'un devoit être offert au seigneur sur l'autel
d'or, & l'autre étoit destiné à oindre le grand-prêtre & ses fils, de même que le tabernacle & tous les
vases destinés au service divin. La loi défendoit sous
peine de la vie à quelque homme que ce fût, de se
servir du premier de ces parfums pour son usage. Il
étoit composé de hacte, d'onix, de galbanum, &
d'encens par égale portion; oequalis ponderis erunt
omnia, Exod. xxx. 34. Le parfum d'onction étoit
fait de myrrhe, de cinnamome, de canne aromatique,
de casse, & d'olive, Exod. xxx. 31. Il étoit
également défendu de l'employer à d'autres usages
qu'à celui de sa destination, & d'en faire pour soi,
ou pour les autres. Voyez Onction huile d'. (Critique sacrée.)
Mais les Hébreux avoient d'autres parfums pour
leurs usages profanes, tels que ceux qui étoient dans
les trésors du roi Ezéchias; ostendit eis aromata &
cellam odoramentorum, & unguenti optimi, Is. xxxix.
2. Judith se parfuma pour paroître devant Holopherne. Le corps du roi Asa fut exposé sur un lit de parade
avec beaucoup de parfums: posuerunt eum super
lectum suum plenum aromatibus & unguentis meretriciis. Enfin, les Hébreux aimoient tellement les
parfums, que c'étoit pour eux une grande mortification
de s'en abstenir, & qu'ils ne s'en privoient
que dans des tems de calamités. Il paroît par l'Ecriture, que les hommes & les femmes en usoient indifféremment.
Les parfums qu'ils employoient pour
embaumer leurs morts d'un rang eminent, étoient
apparemment composés des mêmes drogues que
ceux des Egyptiens, dont les Hébreux avoient pris
l'usage des embaumemens. L'usage des parfums pour
les morts, fit naître aux vivars l'idée de les employer
pour la sensualité. Les femmes chez les Hébreux les
prodiguoient sur elles en tems de noces; c'est ainsi
que se conduisit Ruth pour plaire à Boz, & Judith
pour captiver les bonnes graces d'Holopherne.
Parfum, en Médecine & en Pharmacie. Ces compositions
n'exhalent pas toujours une bonne odeur;
il y en a d'agréables & de desagréables.
On les divise en parfums liquides & en parfums
secs. Les liquides sont comme les eaux de senteur,
les cassolettes. Les secs sont comme les pastilles, les
baies de genievre qu'on fait brûler dans les chambres
des malades, dans les hopitaux pour corriger
le mauvais air.
On parfume les chambres avec l'eau de fleur d'orange,
le vinaigre, l'esprit de sel ammoniac, l'espritde-vin mis dans une phiole à long col sur un réchaud,
pour en répandre plus aisément la vapeur.
Parfum céphalique. Prenez styrax calamite, benjoin,
de chacun un gros & demi; gomme de genievre,
encens, de chacun un gros; gérofle, canelle,
de chacun deux scrupules; feuilles de laurier, de
sauge, de marjolaine, de romarin, de chacun demi-gros. Faites une poudre de tous ces ingrédiens
que vous jetterez sur les charbons ardens, afin que
le malade en reçoive la fumée par le nez.
On en peut faire de pareils pour remplir d'autres
indications, pour provoquer les regles, la salivation,
&c.
(Tireurs d'or.) on nomme de la sorte
une composition de divers ingrédiens, dont quelques
tireurs d'or & d'argent se servent pour donner
le fumage au fil d'argent, afin de le faire passer pour
fil d'or, ou fil surdoré; le parfum est défendu par les
réglemens.
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